Travailler véritablement les chiens en socialisation.
Ecrit par Laura SGARD
Cette photo c’est 12 pattes sur le ponton, des récentes, tout juste apprivoisées, des indépendantes qui nous apprivoiserons et 4 piliers stables qui vous portent au delà.
2012 excursion vers le cœur et les rêves, dans la magie des loups, la découverte du rien, du vide, de la montagne qui nous regarde toujours de loin. Avec 4 pattes sur le ponton pour piliers de chaque instant.
2015 on y revient, 8 pattes de plus, les yeux plus grands ouverts, pieds sous la neige, le loup dans l’objectif mais la montagne dans la vue. Tous ensemble sur le ponton, le lac gelé du Boréon, cette photo dans un moment parfait.
2020 le ponton n’est plus, car l’eau comme la vie emporte les instants, elle imprime son passage, met la montagne en morceau et englouti ses reliefs.
Aujourd’hui une photo, plus de ponton, 8 pattes seulement. Les 4 piliers arrachés car comme l’eau, la mort l’emporte toujours et imprime le cœur.
Cette année là, le cancer à emporté les 4 pattes, centre de cet instant, l’eau a emporté le reste car la Vésubie a débordée.
Vallée du Mercantour traversée par un couloir béant de vide et de roche, où trouée chaotique dans le cœur imprimée dans chaque pensée et pour tous les instants.
Cette photo c’est une tristesse infinie de tant de choses disparues…les pieds sur ce ponton il faut parfois réussir à lâcher ce qui est perdu, laisser couler vers le vide, le rien, le fond.
Tu es bien loin mon chien ne te retourne plus.
Ecrit par Laura SGARD
Que se passe t’il en stage pratique terrain réellement ?
Ces stages ne sont pas seulement une occasion de mettre des chiens ensemble… Ils permettent de les laisser évoluer dans en groupe afin de développer communication, capacités émotionnelles, expérience de vie, également d’améliorer leur analyse de l’environnement.
Sur une simple journée nous remarqueront des différences de comportements entre le matin et l’après-midi. Car une fois les rencontres faites les interactions entre les chiens vont évoluer.
Leur attitude sera modifiée avec les informations qu’ils auront pris mais aussi parce que la plus part du temps leurs besoins de contacts congénères seront comblés. Cela modifie leurs priorités et nous offre une lecture plus véritable des individus.
Que faisons nous durant ces stages ?
Nous prenons le temps.
Le temps pour laisser chaque individu se révéler. Le temps pour regarder des détails qui restent transparents au quotidien, parce que nous sommes en action, en balade, parce que nos rythmes et habitudes de vies ne laissent pas de place pour l’attente et l’observation.
Durant la journée nous avons découvert un peu plus nos chiens, leurs qualités et leurs complications. Nous avons pris le temps pour comprendre ces difficultés et trouver des étapes, pour faire évoluer chaque binôme.
Nous avons appris ensemble à regarder nos attentes d’humains avec les yeux de nos chiens. Notre gestuelle et nos attitudes ont un impacts directe sur leurs propositions. En proposant la bonne communication on reçois de jolies réponses qui développent notre relation.
Durant ces stages, on observe, on aprpend, on comprend, on offre de véritables contacts congénères à nos chiens et on évolue ensemble.
Le chien est-il réellement ce que l’on en fait ?
Ecrit par Laura SGARD
Lorsque les idées tournent en rond, les mettre par écrit semble être le moyen de les figer, pour les analyser par la suite de plus haut et de plus loin.
Le chien, une ombre qui nous suit et se transforme avec nos vies. Dans le réel il n’est ni un confident ni un ami, car les amis vous choisissent et les confidents vous donnent un avis. Il appartiendra un temps à votre famille si vous lui accordez cette place, mais l’animal n’est jamais acteur de ces possibilités.
Il est simplement là, il suit, il attend, il fait (ou non) ce qu’on lui impose / lui propose… Il se transforme au fil des aventures vécues, il devient avec nous un tout, mélange de son être et de nos histoires.
Alors le chien est il le miroir de l’humain avec lequel il partage sa vie ?
Si le chien propose des attitudes avec une personne, il en montrera différentes guidé par un nouvel humain et sorti de ses habitudes. Ces observations, chaque Educateur canin les a déjà faites. Dire que l’animal est uniquement le reflet de celui qui le guide reste tout de même trop simple car il garde bien sur sa personnalité…
Personnalité : Ce qui différencie une personne de toutes les autres. Les différences de chacun seraient finalement leur identité (qui permet de reconnaitre). Qu’est ce qui différencie mon chien de tous les autres ? Au delà de l’attachement et des souvenirs communs.
Dans nos attentes humaines, qu’on soit particulier ou professionnel nous restons parfois focalisés sur les réactions qui nous gênent On souhaite les » travailler « , les changer. Mais certains en oublient l’identité de l’animal.
Notre métier d’éducateur canin dans cette approche n’est pas de changer l’individu chien mais de vous aidez à trouver un équilibre avec lui dans votre vie.
Le chien reste qui il est, même s’il est certain que vos habitudes quotidiennes et votre communication avec lui amèneront attitudes et réactions qui pourront se renforcer, s’ exagérer dans le temps. Votre mode vie aura par ex un lien direct sur ses capacités d’adaptabilité. Pour autant son identité n’est pas de votre fait. Votre suiveur de vie est un tout, mélange de votre monde et du sien.
Ecrit par Laura SGARD
Croiser
La petite émotion qui se propose dans nos balades lorsque nous apercevons quelque chose qui va nécessiter de guider nos canins vers des réponses qui, seront acceptables pour nous, pour notre société.
Ici un homme arrive d’un pas rapide derrière nous avec une démarche un peu raide, ayant 4 grands chiens je choisi de nous mettre sur le côté. » Je choisi pour eux », parce qu’ici leurs réponses naturelles de chiens ne conviendraient pas.
Une arrivée rapide sur un groupe sera coupée, plus ou moins frontalement, plus ou moins finement, mais il est normal que l’animal chien entrave / contrôle le déplacement rapide d’un inconnu vers le groupe. Regardez ces chiens qui vous semble souvent aller « rencontrer » ne stop t’ils pas tout simplement des trajectoires en allant « voir ».
Ajoutons à cela les tendances comportementales de chaque race, vous rencontrerez avec certaines des actions de contrôle de l’environnement bien plus importante qu’avec d’autres.
Lorsque l’on côtoie du Berger allemand par exemple, guider son chien vers des réponses adoucies sera primordial pour sa bonne intégration si vous carressez l’idée de le laisser suivre vos aventures dans des environnements variés, dans des lieux où d’autres âmes vivent leurs vies sans aucune conscience et où intérêt pour votre animal.
Comme nous travaillons avec du vivant, nous ne pouvons imaginez qu’ un certain protocole corresponde à tous.
Pour croiser nous pouvons également continuer de marcher, nous pouvons être plus ou moins proche, cela dépend de mon analyse de ce qui arrive, de l’état émotionnel et de la personnalité de chacun de mes chiens, de l’environnement. Donc non ici je ne vous propose aucunement la notice de l’attitude parfaite. Je vous donne seulement des informations.
Ici j’aimerais que mon plus jeune BA puisse associer les informations tout en partageant son environnement sans aller contrôler (tolérance).Je sais déjà que ce chien sera très exigent sur les déplacements des humains inconnus, j’adapte donc en conséquence. Le statique permet une meilleur compréhension de l’environnement, pour autant le chien doit avoir appris préalablement à le gérer sans difficulté ajouté.
Familiariser
Pourquoi la capacité à être statique, c’est à dire en attente est un réel atout pour le chien dans notre environnement ?
Être capable de se gérer sans être actif est une capacité qui fait défaut. Être en mouvement permet d’évacuer le stress et peut aider à éviter un état trop nerveux et intense. Pour autant être systématiquement en mouvement, occuper sur quelque chose est une façon d’occulter aussi ce qui se passe, c’est pour cette raison que le statique nous met souvent en difficulté avec nos chiens.
Proposer systématiquement du mouvement à nos canidés de famille n’est pas une façon de leur apprendre à gérer véritablement les difficultés.
Pour ma part je préfère souvent demander des arrêts à mes chiens car seul cette possibilité leurs permettra de prendre toutes les informations de loin, je dis bien toutes (odeur, visuel, bruit, association de ces éléments à mes réactions et aux réactions des autres chiens de mon groupe).
A mon sens c’est ce qui permettra une réelle compréhension de ce qui se passe. Voilà pourquoi cette capacité d’attente ouvre d’autres possibilités d’habituation.
Bien sur il n’est pas toujours possible de s’arrêter pour croiser, par exemple dans un environnement très passant nous serons obligé d’avancer. Nous ne pouvons pas proposer des arrêts systématiquement, la balade n’aurait plus de sens et les animaux s’en trouveraient rapidement irrités. Cette autre façon de croiser permet a contrario une banalisation de l’environnement et accroît la tolérance du chien à passer sans « verifier » et sans avoir toutes les informations. Il apprend à passer à autre chose lorsqu’il est dérangé. Cette compétence est également utile seulement si ce n’est pas la seule disponible pour s’adapter aux différentes rencontres de notre monde humain.
Pour conclure sur l’attente, lorsque le chien a acquis cette compétence, elle lui permet de mieux observer et comprendre son environnement. Elle nous ouvre une porte vers une meilleur gestion de ses émotions qu’il apprendra à accueillir au lieu d’être systématiquement dans l’évitement en étant actif. Bien évidemment des étapes correspondants à la sensibilité de votre chien seront absolument nécessaires.
Guider
Lors d’un croisement ou bien d’une rencontre, notre gestuelle impactera forcément les réactions de notre chien.
Également les états de stress de par leur odeur et gestuelle associé.
Je rencontre souvent des humains fâchés contre la terre entière à cause de la méconnaissance des humains envers l’animal complexe qu’est le chien. Si celui qui est au bout de la laisse ne va pas de lui même vers quelque chose de plus détendu rien ne pourra jamais être serein dans ces situations (Ce sera le sujet d’un prochain article.)
Ce qu’il faut comprendre c’est que lorsque le chien doute d’une situation, si vous en doutez aussi vous le renforcerez dans son état » mon humain a un problème, donc il y a un problème « . Le doute transparaitra par des attitudes hésitantes, également dans notre voix. Donner des indications dont vous êtes sur, appliquer les rapidement avec une gestuelle adaptée et convaincante ( » vient on fait demi-tour » ! ) stabilisera un peu la situation.
Donner des indications verbales à son chien en anticipant détendra également la situation à partir du moment où l’humain reste maître de son état émotionnel.
(Il y a un cheval on va le laisser passer / Le truc fixe la bas c’est un monsieur on ira pas le voir etc…). Des bases en lecture du chien sont indispensables pour anticiper ses incompréhensions et ses réactions.
Enfin donner de véritables informations sera toujours bénéfique. Car trouver des astuces comme : rattacher tant qu’il n’a pas vue et ne pas le laisser identifier pourquoi ensuite / empêcher qu’il regarde / détourner avec des « motivations » abimera le lien de confiance et rendra votre chien plus solitaire dans ses choix. Il réagira sans vous puisque au fond vous n’êtes pas digne de sa confiance.
Guider son chien, le prévenir, dans les situations problématiques pourra en effet le rendre plus à l’écoute (vous lui donnez des informations utiles et lui proposez des solutions.) Installera une jolie coopération lors des difficultés plutôt qu’une lutte de votre part contre ses réactions.
Si vous êtes en grosse difficulté sur les croisements n’hésitez pas à demander de l’aide à un professionnel formé à lire et comprendre la communication du chien.
Ecrit par Laura SGARD
Partie 1
L’animal chien, compagnon de voyage qui agrémente nos vies de multiples façon, il y participe à son échelle en suivant par confort et/ou souvent par obligation, l’humain qui l’a choisit, qui le nourrit, lui propose un abri, une vie sécurisée bien rangée comme on dit… Mais les chiens hors de nos maisons n’ont ils pas de foyers qui leur sont propres ? Sont ils forcement vagabonds, à la recherche d’un vie plus belle ? Il restera impossible de trancher alors, quelle vie en sera meilleure. Chaque histoire canine étant si différente, chaque famille ou lieu de vie étant faits de particularités plus ou moins acceptables.
Et même si l’humain se plaît énormément dans un rôle de sauveur justicier, car il pense toujours savoir ce qui est mieux pour l’autre… L’animal ne pouvant répondre que par des gestuelles et vocalises dont notre espèce aime traduire ce qui l’arrange reste pratique pour que chacun se complaise dans ses croyances. Le chien de famille étant trop souvent malade de son excitation, la carte du confort et de l’abondance, des soins et de la nourriture ne contrebalance pas selon moi.
Cela pour dire que certains chiens que nous appelons errants ne sont pas perdus, ils ont leur monde et un confort qui leur est propre. Il peut être louable de vouloir aider des bêtes que nous pensons en détresse, nous savons pourtant pertinemment que sortir un animal sauvage de son contexte de vie est rarement bénéfique pour lui, le chien qui est né dans la rue sera systématiquement qualifié de malheureux, pourtant il dispose alors d’une chose pour laquelle chaque humain serait prêt à se battre, la liberté.
Je ne dis pas ici que les associations ne servent à rien, ni qu’il faut fermer les yeux sur la cruauté qu’amène notre société sur le monde animal, je repose seulement un regard sur ce que nous qualifions de vie malheureuse lorsque nous apercevons un chien que nous disons « errant ».
Je vis depuis 7 ans maintenant avec une chienne des rues de Roumanie, compagne de vie que je n’avais pas choisi, elle n’était pas faites pour vivre dans une famille humaine et elle ne le sera jamais.
Probablement morte de démodecie la bas sans l’association qui l’a sauvé puis amené en France. Ici en France elle croupirait en chenil depuis plus de 7 ans si je ne l’avais pas laissé nous suivre. Comme bien des chiens de rues elle a laissé quelques cicatrices profondes sur différents bras et mollets avant qu’on ne me la confie, parce que sa vie était à la base libre, sans tolérance forcée aux bruits, aux lieux clos et autres fortes contraintes de notre société, celles que l’on impose chaque jour aux chiens suiveurs d’humains.
Je reviendrais sur l’histoire de Birdie qui à mon sens a eu de la chance de continuer sa vie avec nous.
Le chien libre* devient une petite « mode » pour une petite partie du monde canin, avant de partir dans une folie d’ajouts de choix dans une vie que nous noyons de contraintes je voulais aborder cette vision que nous gardons de l’animal forcement plus « heureux » avec l’humain.
** « Chien libre » est le nom donné à l’approche André Escaffre, une approche qui a clairement modifié le regard de beaucoup sur le chien, sur notre rapport à l’animal et sur bien d’autres choses encore. Une approche qui continue d’inspirer et de questionner. Lors de mes formations j’ai eu la chance que l’on m’en re-transmette une petite partie (puisque ce cher Monsieur nous a quitté en 2012), je ne m’approprie aucunement aujourd’hui cette approche. Je choisi ce titre pour cet article afin d’aborder une tendance très présente en ce moment, aussi pour parler purement et simplement du chien lorsqu’il se passe de nos bons services, donc du chien « libre ». **
Ecrit par Laura SGARD
La place de nos animaux
Si on leur pose la question la plupart des gens vous diront que leur chien, leur chat, est un compagnon, un ami et qu’il fait partie de la famille, qu’ils éprouvent de l’amour pour cet animal et qu’ils ne souhaitent que son bien-être. Mais il serait temps d’appeler un chat un chat.
Nous aimons cette façade où l’on reconnait l’animal comme ami de l’homme, les histoires et les films sur le sujet ne manquent pas. Seulement nos amis ne sont ils pas sensés être des individus libres qu’on ne forcera pas à rester auprès de nous ? En effet être libre c’est avoir la possibilité de se mouvoir, de se déplacer ou bon nous semble et vous noterez d’ailleurs que dans tous les films qui nous compte de belles amitiés homme/chien la laisse n’est pas vraiment présente… en effet il ne me semble pas avoir beaucoup vue Lassie, Croc-Blanc, Belle ou Bailey en laisse la plus part du temps… Pourquoi ? La relation serait-elle suffisamment crédibles à vos yeux si ces héros avaient été attachés ?
Le concept de liberté est également de n’appartenir à personne. Avouez qu’il y a déjà un hic dans notre belle image du chien « membre de la famille » qui doit rester à « sa place », faire son pipi quand nous l’avons décidé, exécuter nos « ordres » et subir toutes les contraintes de nos propres vie. Notre ami à quatre pattes si chère à notre cœur se retrouve en fin de compte avec le statut d’esclave dont nous sommes d’ailleurs les « maîtres », nous jouissons de leur sort de la même façon, du moins dans les termes, ça correspond parfaitement.
Après la vie réelle n’est pas aussi simple qu’une définition dans le dictionnaire mais il est important selon moi de prendre conscience que nos animaux de compagnie ne nous doivent rien et que nous leurs imposons une vie qui souvent ne leur correspond pas. Ce « chien ami » qui passe sa vie dans un espace clos à raison de trente pauvres minutes de sortie par jour (s’il a la chance de les avoir ! ) reste finalement un de nos objets de loisir pour qui la vie est parfois bien triste et ennuyeuse.
Libéré, délivré…
Parce que dans notre société il devient habituel de se décharger de toute responsabilité lorsque l’on agit pour « la sécurité », je souhaitais aborder ce sujet par rapport à nos animaux de compagnie. De plus en plus « la sécurité » prend la place du « bien être » et avec bonne conscience on fait encore et toujours de l’animal un objet, un loisir, une activité. Il nous reste encore du chemin à parcourir pour avoir une certaine prise de conscience vis à vis des animaux qui partagent notre vie.
La liberté me semble être déjà un premier pas vers « le libre choix » et le bien-être. La plus part des chiens ont déjà une vie ennuyeuse au possible, lui proposer cette alternative c’est le considérer comme autre chose qu’un simple objet de loisir. Cela semble simple et évident mais beaucoup trop d’animaux de compagnie passent leur existence privés de liberté, du cheval enfermé seul dans son boxe au chat d’appartement il y a de quoi se poser des questions sur cet « amour » inconditionnel que soit disant nous leurs portons. De la même façon que l’on rend un chien réactif et conflictuel avec ses congénères en l’empêchant d’avoir des contacts, on peut rendre un chien allergique au « rappel » parce qu’on l’empêche d’explorer. Article de l’empreinte : Le rappel, notre plus grosse faiblesse
J’entends déjà le ton stressé des propriétaires de chiens « chasseurs » me dire :
« Moi je ne peux pas le lâcher sinon il se sauve ! « .
Premièrement ce n’est pas parce qu’un chien part en chasse qu’il se sauve, d’ailleurs sans vouloir en rajouter une couche, on entend plutôt ce terme lorsque l’on parle d’un individu captif. Votre chien chercherait donc à vous fuir ?
« Mais s’il va vers une route il pourrait mourir ! »
Oui c’est vrai. Comme tous les animaux du monde qui se promènent librement.
Avant de me diaboliser complètement en pensant que j’aime croiser des chiens écrasés sur le bord des routes, sachez qu’il y à 3 ans j’ai adopté un chien loup croisé husky qui m’a fait de nombreuses frayeurs et m’a également fait revoir ma vision du chien.
Le risque zéro n’existe pas et c’est la règle essentielle à comprendre pour pouvoir vivre pleinement sa vie. Le chat lui se promène en liberté dans la rue et cela ne nous empêche pas de dormir (si parfois ils nous font du bruit c’est vrai… ), en espérant que rien ne change car la mode du chat « enfermé » ou en « laisse » par sécurité a déjà commencée. La sécurité reste finalement la meilleure excuse que nous trouvons pour contrôler et parquer systématiquement nos animaux, mais ne parlons nous pas de sécurité pour nous donner bonne conscience lorsque nous privons nos compagnons de leurs besoins fondamentaux pour notre propre confort émotionnel ?
Je t’aime donc je t’empêche…
Force est de constater que nous avons du mal à « coupé le cordon », nous avons systématiquement besoin de les avoir en visuel, de savoir ce qu’ils font et d’y mettre très souvent des limites.
Que l’on soit bien d’accord : mettre une friandise devant le nez d’un chien ou utiliser son « toc » de prédation avec un jouet afin de le détourner est aussi une façon de l’empêcher de vivre normalement.
Il est donc clair que nous avons un sérieux problème de contrôle et nos chiens un problème de libre choix. Par peur et méconnaissance nous n’acceptons désormais pas / plus leur communication de chiens (oui grogner, prendre en gueule font partis de leur communication ) ni leurs besoins fondamentaux ce qui nous amène finalement à des soucis conséquents de comportement.
Les demandes de l’humain
Si on creuse un peu on se rend vite compte que les activités canines par exemple sont surtout des « loisirs » d’humains avant d’être des loisirs de chiens. Si demain je vous propose l’activité » trouver la plus grande flaque de boue pour se rouler dedans et recouvrir sa propre odeur… ou encore marqué deux fois de suite chacun des pipi du chien du voisin autour de la maison… » pas sur que vous soyez partant, pourtant votre chien serait ravi lui d’utiliser son nez pour trouver une eau croupie dans laquelle il pourra se baigner ou de passer une plombe à marquer toute la rue sans qu’on le tire pour qu’il avance plus vite.
Il est évident que de vouloir pratiquer des activité avec son chien semble être une belle initiative mais soyons honnête ces activités sont d’abord pour nous et non pour lui. Le chien n’a pas besoin de faire du cani-cross pour se muscler, se fatiguer s’il est promené correctement. Il n’a pas besoin de faire de recherche, ni d’agility pour pouvoir courir, sauter et utiliser son nez car toutes ces activités se retrouvent durant la balade exploratoire si elle est bien faites et ajusté à ses besoins, également lors des rencontrent avec ses congénères. Et pour ce qui est d’apprendre à un chien de famille à mordre tenir et secouer dans un « sport » de mordant, je crois qu’il y a de réelles incohérences à renforcer les déviances génétiques de ce qui nous sert aujourd’hui de chien domestique, et ce discours vaut pour toutes les races.
Le message ici reste « comblez déjà ses besoins de chien « , pensons donc un peu à lui au lieu de ne penser qu’à nous. ( à lire : Article de Nicolas Cornier, La solution est dans la promenade. )
Pour finir on pourrait simplement parler du contact homme chien, de ce besoin insatiable qu’ont les gens de vouloir toucher, shampouiner, tripoter les animaux domestiques. Lorsque vous rencontrez quelqu’un que vous trouvez beau, mignon, bien habillé… Lui demandez vous s’il est possible de le toucher ou de le caresser ( en imaginant qu’il ai aussi les cheveux très doux et pelucheux ) ?
Ecrit par Laura SGARD
« Le rappel » est un exercice très connu et incontournable lorsqu’on souhaite éduquer son chien. Tout le monde (ou presque) semble d’accord pour dire que cette action doit être systématiquement positive et agréable pour le chien, que l’on doit toujours utiliser les mêmes codes afin de rendre ce signal clair pour notre compagnon et que cet exercice doit être demandé et récompensé régulièrement, même lorsqu’il n’y a pas de stimulations dans l’environnement.
Cela paraît clair et limpide quand on le réduit en un paragraphe, mais une fois mis en pratique pour les propriétaires de chiens c’est tout sauf simple, un mélange de stress et d’autorité pour certains, pour d’autres une agitation excessive visant à interpeller le chien par tout les sons et mouvements possibles, quand d’autres encore utiliseront la « carotte » en échange du retour de leur dit compagnon…
Et quand on demande aux propriétaires de chiens ce qu’est un rappel les mêmes mots reviennent systématiquement
ordre / commande / urgence / immédiat / rapide / jusqu’à nous / au pied…
En effet aujourd’hui le rêve des propriétaires de chiens serait un retour quasi immédiat de leur compagnon lors d’un signal donné. En vérité pour la plupart, nos « rappels » sont très aléatoires et absolument pas instantanés… Parfois même un échec absolu. Il serait peut-être temps alors d’ouvrir les yeux et de se poser les bonnes questions pour comprendre pourquoi cette « demande » est si compliquée à obtenir de nos compagnons.
Je dis « demande » sauf qu’étrangement cette interrogation « positive » passe très vite à l’impératif lorsque le chien traîne les pattes alors qu’on lui a déjà demandé plusieurs fois de retourner vers son humain.
Qui ne s’est jamais senti irrité d’être totalement snobé par son compagnon à quatre pattes lors d’un rappel ? Qui n’a jamais haussé le ton parce que ça n’allait pas assez vite, parce que dans cette situation là ce n’était pas « pratique » ou parce que ça en devenait même « dangereux » ?
Rapide, au pied, urgent… Voilà pourquoi le « rappel » reste tant problématique.
Notre monde bien loin du sien…
Ce que j’entends le plus souvent : « Dès qu’il voit un chien je n’ai plus de rappel, il faut absolument qu’il y aille… »
Le chien est un animal social et a besoin d’entretenir des interactions avec ses congénères pour être parfaitement épanouis. En effet lorsqu’il manque de contacts et de rencontres il devient souvent très réactif aux croisements de congénères ce qui explique pour beaucoup de chiens l’inefficacité totale du « rappel » en présence de leurs semblables canins…
Pourtant j’ai régulièrement des demandes pour travailler ce fameux « rappel » avec des chiens sociables qui croisent très régulièrement des congénères et ont des contacts libres avec eux. Pour ces chiens là le rappel est aussi un problème… Et si de temps en temps il nous venait à l’esprit de regarder notre monde avec leurs yeux ? Et si ce besoin de « rappel » jusqu’à nous était en vérité l’origine de nos problèmes… Et si on arrêtait tout simplement de rappeler nos chiens a la moindre stimulation ?
J’entends déjà les adeptes de la bonne intégration en société m’expliquer qu’il n’est pas sécuritaire ni courtois de laisser nos compagnons aller voir tous les chiens que l’on croise… Sauf qu’avant d’entrer dans un débat de liberté qui s’arrête là où commence celle des autres il faudrait se demander si nos chiens ne sont pas tout simplement sensibilisés dès leur plus jeune âge aux croisements de congénères par des rappels « incohérents » et les manipulations habituelles et stressantes qui l’accompagnent. Une alerte de notre part qui finalement les rend réactifs à ces croisements . Car le premier à réagir démesurément à la vue d’un autre chien ce n’est pas le chiot récemment adopté mais bien ses humains. Le fait est qu’en rappelant nos chiens, en les attrapant pour les attacher, en les dupant , en essayant de troquer leurs envies contre des jeux d’excitation ou bien des bonbons, on rend les croisements de congénères tout sauf « banales ».
Enfin le chien est un animal intelligent qui peut tout à fait comprendre d’autres demandes moins contraignantes que le retour aux pieds. Il faut comprendre que le chien n’a pas vos priorités (la pluie, le temps, la politesse, la sécurité…) et que le rappel « instantané » ne sera jamais quelque chose de naturellement possible pour lui. Par contre ce qui est naturellement possible pour lui, c’est de vous suivre et de rester attentif à vos changements de direction entre deux odeurs, sachant que le verbal est loin d’être la communication qui lui « parle » le plus il est bien utile d’entretenir votre suivi naturel.
La liberté n’a pas de prix…
Mais pourquoi avons-nous besoin d’un rappel « rapide » et « au pied » ? La vérité est que par le rappel nous voulons empêcher systématiquement quelque chose. Pourtant lorsque l’on parle des besoins fondamentaux du chien on parle principalement « d’exploration ».
Exploration : Action de parcourir un lieu ou une région inconnue afin de recueillir des informations.
Si votre rappel est une pression permanente qui tombe sur votre chien à la moindre distraction, à la moindre nouveauté dans l’environnement, accompagné ou non d’un morceau de saucisse, il ne reviendra pas facilement vers sa laisse.
De plus nous empirons les choses en essayant de les duper, de les conditionner, d’échanger leur motivation contre une autre :
« Ne va pas voir le chien et je te donnerai une friandise. »
Cette phrase ne vous semble-t-elle pas absurde ? Et pourtant j’ai commencé comme beaucoup d’éducateurs à apprendre le rappel aux chiots en utilisant la nourriture et à jouer au dangereux jeu du concours des motivations. Mais c’est en utilisant pleinement une méthode qu’on comprend alors ses failles et qu’on peut ensuite réfléchir dessus. Le chien n’est pas idiot, si vous lui mentez vous perdrez tout simplement sa confiance. Appâter pour attraper n’est pas quelque chose de respectueux, expliquer a votre chien qu’il va être attaché n’est pourtant pas si compliqué.
« Apprendre le rappel » ? … Et si on parlait plutôt de lien.
Entretenir le lien avec son chien est la première chose à intégrer pour obtenir une certaine « écoute » de son compagnon ( je dis bien écoute et non « obéissance » ) pour cela il est impératif de respecter son chien et ses besoins. Respecter son compagnon c’est quoi ? Ce n’est pas lui donner des friandises et lui apprendre des ordres sans se fâcher… C’est comprendre qui il est et de quoi il a besoin, si vous comblez ses besoins vous marquerez des points et votre chien sera plus détendu en général (donc vous aussi). Il est également important de soigner vos interactions, si elles sont plus souvent désagréables et que vous passez votre vie à crier, à le contrôler avec ou sans bonbons, en promenade vous serez donc la dernière de ses priorités.
En résumé votre rappel, c’est tout simplement la representation de votre lien et ce lien passe par les interactions, la communication que vous entretenez avec lui et les soins quotidiens que vous lui apportez (nourriture, sécurité, promenades, contacts chiens…) en gros la qualité de vie .
Quelques conseils pour garder son chien « avec soi » en promenade :
Viens ici ! « Oui mais pour quoi faire ? »
Au delà du fait qu’il est souvent accompagné de manipulations désagréables et qu’il freine systématiquement les découvertes de nos compagnons canins, « Le rappel » est probablement la demande la plus utilisée par les propriétaires de chiens. Il est utilisé tout le temps et pour tout.
Pour qu’il n’aille pas voir les gens, pour qu’il n’aille pas voir les chiens, pour éviter qu’il se salisse, pour qu’il ne mange pas des saletés, pour qu’il n’aille pas trop loin, pour qu’il arrête d’aboyer, pour ne pas qu’il aille sur la route, etc.
Pourtant comme dis plus haut, il est possible d’inculquer d’autres apprentissages moins contraignants que le retour vers l’humain. Vous pouvez demander par exemple à votre chien de « laisser » quelque chose ou encore de rester aux alentours, de vous attendre, de remonter sur le trottoir. Vous pouvez aussi lui apprendre à supporter la frustration et à gérer son excitation en présence des stimulations habituelles de la promenade à l’aide d’une longe par exemple… Ici vous trouverez un excellent article pour vous aidez à gérer l’excitation de votre compagnon : Les autocontrôles
En bref variez vos demandes, réajustez vos exigences, adaptez votre gestuelle et votre chien reviendra beaucoup plus naturellement vers vous ou plutôt il fera sa promenade « avec vous ».
Petite dédicace à Marley « Blanc » notre dalmatien sourd et à Amélie sa propriétaire, un duo qui fonctionne mieux que tous les autres avec une communication non verbale et donc un rappel possible uniquement quand le chien se retourne pour regarder son humaine… à méditer.
Article réalisé et édité par L’Empreinte éducation canine en Mars 2016
Merci à Nadine Chastang de m’avoir ouvert les yeux sur le chien.
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